INTERVIEWS

NIEPCE BOOK - n°10 Mars 2019 / Le Temps des Grenadines

Interview par Pierre Léotard, rédacteur en chef

Festival « Les Photographiques » du Mans - Rencontres

Le Temps des Grenadines, dont nous publions un extrait, apparaît comme une balade au fil de l’existence, comment l’idée vous est-elle venue ?

D. A. -  L’envie m’est venue non pas à la naissance de mon premier enfant, mais dans l’évolution de ses premières années ; quand il est devenu autonome et réactif dans ses déplacements. J’ai réalisé que faire de belles photographies de famille n’était pas suffisant pour inscrire la mémoire. J’avais envie d’une narration construite dans un équilibre de photographies anticipées ou prises sur le vif. Je voulais photographier l’enfance dans le paradoxe d’une recherche d’espace intemporel, tout en courant après le temps qui passe. L’observation de nos enfants sur la durée est comparable à une trotteuse d’horloge, mais cette notion du temps peut être subjective et distendue. J’avais la quarantaine, sans doute un besoin de revenir à ma propre enfance, de faire le point. J’ai décidé de développer sur trois époques, avec les trois titres suivants : J’étais, un retour sur mon passé ; Nous sommes, le présent, l’enfance vus par l’adulte, l’échange, les générations ; Ils seront, les interrogations sur le futur. Cette aventure dure depuis quinze ans, et j’ai eu un deuxième enfant qui est entré dans le jeu. Cela m’a permis de faire évoluer la série, la recentrer, parfois changer d’humeur. Très vite, ce travail a été pensé comme un pro- jet éditorial à travers ces trois chapitres. Une monographie est prévue aux éditions Bergger pour le mois de juin 2019, elle conclura Le Temps des Grenadines. Comme toutes mes séries, elle est également née d’une première photographie marquante parce qu’elle a « autre chose ». Elle m’a permis d’éclaircir ma vision pour la suite. Vous l’avez d’ailleurs choisie dans les quarante-cinq présélectionnées pour Les Photo- graphiques du Mans : c’est la coquille Saint-Jacques cachant le visage de Martin dans le port de Saint-Valery-en-Caux. Doublement efficace, car d’une part, elle exprime ma timidité d’enfant ensuite elle permet à mon fils de jouer mon rôle et de réintégrer le passé du chapitre un. Le Temps des Grenadines est une errance autobiographique au fil du temps.

Diriez-vous de votre photographie qu’elle possède une forme d’exhibitionnisme? Pourquoi ?

D. A. -  Non, je dévoile peu. J’espère le mystère, le questionnement où chacun apportera sa propre réponse. Certaines photo- graphies imaginées à partir de mon vécu et déformées par le temps peuvent représenter un souvenir précis et paraître insolites pour autrui. Elles seront révélées si l’on en éprouve la nécessité, la curiosité, la générosité. Je n’affiche pas une visibilité instantanée des sentiments. Mes enfants sont les acteurs principaux, mais pas de façon frontale. Un à-côté qui, je l’espère, tout en étant singulier, semble aller vers l’universel.

Pourquoi avoir choisi le noir et blanc ? Le moyen format ?

D. A. -  Le noir et blanc est en moi, instinctif, inévitable. Artistique- ment, il est incrusté dans ma façon d’observer. C’est culturel. Pour en revenir à ma petite enfance, ma grand-mère a été la première personne de sa rue à acheter une télévision en noir et blanc, les journaux et les magazines n’étaient pas en couleur. J’ai une collection d’environ cent cinquante livres d’auteurs classiques ou contemporains exclusivement en noir et blanc, ils m’ont nourri et inspiré. Le noir et blanc me permet de modeler plus précisément la lumière ou au contraire de l’éclater, de la saturer. Cette lecture en gammes de gris du monde qui nous entoure est directe, le message est clair, essentiel, sans les artifices que pourrait apporter la couleur. Le noir et blanc est intemporel, c’est aussi pour cela qu’il correspond à ma photographie.

La technique argentique noir et blanc est un aboutissement, car je tire moi-même mes photographies d’exposition, j’ai le choix de l’interprétation, je suis en contact physique avec l’éclairage. J’aime l’idée d’une production artistique intégrale, cela donne une vraie valeur à l’œuvre finale. Quand la BnF m’a commandé et produit l’archivage de douze de mes photographies, j’ai passé du temps dans les ateliers. J’ai demandé à voir les tirages de Diane Arbus. En les ayant dans les mains, même avec des gants blancs, je la touchais, je la sentais. Quelle émotion en imaginant la voir sous son agrandisseur une cinquantaine d’années avant ! C’est pour cette principale raison que j’utilise l’argentique noir et blanc, c’est physique et charnel, comme la peinture.

Le Temps des Grenadines est pris au moyen format, mais pas seulement carré.

Certaines photographies sont prises au 6x7, et récemment j’ai intégré le 24x36 pour des besoins éditoriaux. J’utilise les moyens formats pour leurs qualités optiques, la possibilité d’agrandissement des négatifs et les résultats optimaux des tirages en chambre noire. À travers le flou des moyens for- mats, j’obtiens un aspect poétique de la réalité. Un fragment du temps, quantifié par une vision onirique, qui pourtant n’est déjà plus là. Une opacité qui s’épaissit d’année en année et m’éloigne de mon enfance pourtant revenue à travers une autre époque avec la naissance de mes garçons.

Vous semblez « construire » (et offrir) des souvenirs. Que souhaitez-vous transmettre à travers cette série ?

D. A. -  Je souhaite transmettre simplement des émotions que chacun pourrait ou voudrait avoir vécu. Elles peuvent se transformer en sensations étranges proches du rêve, parfois même inquiétantes. J’espère apporter du mystère et des suspensions. Une œuvre qui ne génère pas de questions s’oublie facilement. Pour soi-même, l’enfance est une histoire de souvenirs. Cette mémoire peut devenir infiniment trouble et s’échapper avec le temps. Mais rien de passéiste ni de nostalgique dans cette série, le chapitre le plus volumineux du Temps des Grenadines est : « Nous sommes : le présent et la parole sont à la jeunesse ! » Je ne ferme pas la lecture par un texte ou des légendes. Chacun reçoit ce qu’il veut prendre avec son propre passé, sa culture, ses blessures ou ses joies. Comme le disait Roland Barthes, une œuvre accrochée à un mur n’appartient déjà plus à son auteur.

Dans chaque photographie apparaît une scénographie choisie qui semble soigneusement montée. Quelle place laissez-vous au hasard dans votre travail ?

D. A. -  Sur l’ensemble de la série (soixante-dix photographies), j’essaye de trouver un équilibre entre la fiction et la réalité. Je m’inspire des traces de mon passé, mais aussi de ma culture cinématographique et littéraire. Dans ce cas, il faut repérer, mettre en place et diriger. Mais je sais très bien à l’avance que rien ne se passera comme prévu, surtout lorsque l’on photo- graphie l’enfance ! Je donne un champ d’action à mes enfants. Je me laisse alors malmener par le hasard et saisis l’opportunité de m’échapper de mon passé pour réintégrer le présent. Quand les photographies ne sortent pas de mon imagination, je profite du moment. C’est souvent pendant les vacances familiales, l’été, en communion avec la nature, quand le temps ralentit. Je connais bien mon sujet et je sais quand et où je peux avoir l’occasion de saisir des moments de vie destinés au Temps des Grenadines. C’est souvent au hasard de décider face à une détermination trop intrusive. C’est lui l’équilibre entre le chaos et la perfection du monde. Il est donc bien- venu dans ma photographie même dans les instants les plus attendus.

 

 

Schwarzweiss - n°110 janvier 2016 / Le Temps des Grenadines

Extraits de l’interview de Dan Aucante par Patrick Brakowsky, rédacteur en chef

P. B - Quel a été le déclencheur de lancer ce projet à long terme et de raconter cette histoire sur l’enfance, le temps et la mémoire?

Inconsciemment, le déclencheur fut la naissance mon premier enfant, de le voir grandir, de l’éduquer. Cette série s’est insinuée en moi peu à peu. Puis elle s’est concrétisée comme une nécessité d’auto-analyse de mon propre parcours, de mon enfance, de mon passé.

J’ai réfléchi à comment je pourrais, à l’aide de la photographie, raconter une histoire à la fois personnelle et universelle. Un récit intergénérationnel qui évoluerait dans le passé, le présent et le futur avec l’enfance comme fil conducteur : un espace-temps tout à fait adapté à la photographie ! Ces trois époques ne sont pas étanches : les situations, les personnages, les objets choisis peuvent évoluer d’un chapitre à l’autre grâce à leur intemporalité.

J’ai réalisé très vite que cette série se ferait dans la durée. Il me fallait attendre que mes deux fils grandissent pour montrer l’influence du temps sur les choses et les gens.

Trois intentions pour trois époques et trois chapitres :

1 : notre mémoire protège notre enfance du passé et de l’oubli,

2 : au présent ce sont nos enfants qui nous rattachent à notre jeunesse,

3 : c’est cette enfance qui dessine notre propre futur.

P. B - La série est un jeu de symboles, des métaphores et des séquences oniriques. Avez-vous eu ces images dans votre esprit avant de les concrétiser à la prise de vue ?

Je travaille de deux manières.

D’abord dans un état d’esprit de création et de réflexion, avec une idée précise de chaque situation photographiée. Trouver un lieu adapté à mon idée est primordial, je retourne plusieurs fois sur place afin d’étudier l’évolution de la lumière. J’ai une idée prédéfinie de ce que j’attends des modèles, qui pour cette série sont principalement mes deux fils. Je reste cependant ouvert à leurs propositions et j’attends également que le hasard m’apporte de belles opportunités. Cet échange entre mon enfant et moi intensifie le moment présent, d’où le titre du chapitre « Nous sommes ». Les photographies d’objets permettent de traverser les trois époques. Je suis à la fois influencé par le cinéma, la littérature et bien sûr mon propre vécu. C’est de cette première approche que découlent le plus de photographies.

La seconde approche tourne autour d’une recherche d'évènements ou de lieux  liés à l’enfance, sources d’éventuelles nouvelles photographies. Dans ces situations,  je suis instinctif et à l’affut du bon moment, quand comme au théâtre, tout se met en place pour ajouter une nouvelle image à mon histoire.

Bien qu’opposées, ces deux démarches associées construisent, dans cette série, un ensemble cohérent.

P. B - La plupart des images ont été prises à l'extérieur, dans les bois, au bord d'un lac ou dans d'autres endroits qui semblent être loin des centres urbains. Quel rôle la nature a-t-elle dans votre propre enfance et qu’est-ce cela signifie pour vous aujourd'hui ?

Si je photographiais en milieu urbain, cette série perdrait rapidement sa fraîcheur et son intemporalité. Les cités évoluent très vite. Leurs architectures, leurs parcs automobiles, leurs modes vestimentaires, leurs technologies sont la marque d’une époque.

Pour revenir à mon enfance, j’ai grandi dans une petite ville. Cette relation à la nature est donc essentiellement liée à la mémoire des vacances d’été, à une idée du bonheur familial propice en ces moments. Certaines ombres menaçantes planent néanmoins sur cette série…

Pour revenir au présent, je suis parisien depuis 30 ans. Ce travail en campagne ou forêt est aussi une échappatoire, une respiration, un hommage et sans doute un regret de côtoyer si peu les éléments naturels.

P. B - Bien que ce soit une œuvre très personnelle vous capturez des sujets universels dans lesquels la plupart des gens peuvent se retrouver. Quel genre de réactions obtenez-vous des spectateurs de vos photographies ?

Les réactions sur mon travail peuvent être contradictoires mais j’apprécie que l’on me fasse part d’un ressenti nouveau. Je ne légende jamais mes photographies, laissant ainsi un espace de liberté au spectateur. Certaines photographies ont un sens particulier dans mon histoire, et si on me demande une explication, je la donne. Cependant, la notion de mystère m’est chère, une photographie soulevant des interrogations restera plus longtemps en mémoire. Une œuvre exposée doit regagner son autonomie. Chaque spectateur est différent : son  passé, sa culture, ses blessures, ses joies, sa vie, l’ont construit de sorte qu’il puisse interpréter et ressentir de manière unique.

J’espère donc que mes photographies questionnent et provoquent le débat.

De façon surprenante, mes images provoquent des sentiments opposés : dures et torturées pour les uns, douces et nostalgiques pour d’autres. Notre enfance nous appartient…

P. B - Un élément récurrent de la série est le masque. Quelle fonction a-t’il dans votre histoire ?

Les masques me permettent de préserver mon visage du temps afin qu’il le traverse sans altération, de garder la jouvence éternelle. Dans les trois chapitres, aux différentes époques, je deviens mes fils et ils deviennent moi grâce à cet accessoire. Les interprétations peuvent être multiples. Comme dans certains rituels, il permet la représentation d’un autre, le changement de personnalité. Le choix du masque dépendra des sentiments que je souhaite exprimer. Une photographie « masquée » traduit le mystère et l’inquiétude. La photographie du masque blanc reproduite dans ce portfolio est l’unique image de la série prise en intérieur. Elle est  importante et conclue l’ensemble des soixante photographies. Elle est prise chez une vieille cousine, dans une maison où j’ai beaucoup joué quand j’étais enfant. Cette maison était abandonnée depuis 35 ans, je n’y étais jamais retourné jusqu’au jour de la prise de vue. Elle a été démolie quinze jours plus tard. C’est toute mon enfance qui m’attendait derrière cette porte, pour un adieu. Le visage masqué, blanc, est son fantôme, déshumanisé par le temps et lissé par l’oubli.

P. B - Vous avez dit dans une interview que cette série ne porte pas sur la nostalgie. Est-ce plutôt un sentiment d'intemporalité que vous voulez exprimer ?

Le ressenti de nostalgie est probablement dû au noir et blanc, au choix du traitement des tirages en chambre noire et aux outils de prise de vues. Je ne suis ni dans le regret du passé, ni dans la tristesse. Je suis fasciné par l’échelle du temps : passé, présent, avenir. J’admire beaucoup Philip K Dick, un auteur d’anticipation dont l’un des thèmes privilégiés est l’influence du temps sur les êtres et les choses. Il est impossible d’être nostalgique du présent et de l’avenir !

Mon travail  est un jeu avec le temps qui passe. Le temps défile sur l’homme et sa mémoire mais pas sur son environnement. C’est une contradiction intéressante. Je n’existerai plus, mes fils n’existeront plus ainsi que leurs enfants mais cet environnement naturel, même différent, sera toujours présent. Je fais des choix de situations exprimant des jeux et des valeurs simples en milieu naturel. L’eau par exemple est un élément important : à son contact, enfants, adultes et personnes âgées éprouvent les mêmes sensations universelles et intemporelles.

P. B -  Techniquement, vous utilisez la photographie argentique noir et blanc avec laquelle vous mélangez le haut de gamme Hasselblad et Pentax avec les imprévisibles lomographiques appareils Holga. Quel appareil photo avez-vous utilisé et pour quelles situations ?

En ce qui concerne le matériel de prise de vue, je n’ai pas de règle précise, je l’adapte plutôt aux contraintes techniques. Les Holga ont l’avantage d’être très légers, je les dédie aux prises de vues instinctives. Leur rendu spécifique illustre bien le flou de la mémoire et l’approximation des souvenirs. Ils tendent à nous emmener vers les rêves du passé.

Je privilégie le Pentax 6x7 pour les paysages, il me permet de varier les compositions parfois trop étroites du format carré. Mais, vu son poids  il est impossible de partir en randonnée avec cet appareil ! Quant à l’Hasselblad, il me permet de me rapprocher au plus près de mon sujet.

Au moment de choisir mon matériel, je pense aussi au format des tirages que j’effectuerai en chambre noire car je continue à travailler en argentique.

 

P. B -  Comment vois-tu l’évolution de ton travail photo ?

L’œuvre d’un photographe est façonné par la curiosité, les rencontres et les initiatives. Commencer une nouvelle série peut-être le fait d’un ensemble de paramètres réunis à un moment donné. J’ai des idées, mais je n’ai pas de plan de carrière, je suis un instinctif, la suite de ma photographie ressemblera à ma vie. Pour faire suite au «Temps des grenadines», j’ai commencé une nouvelle série «Fire game», son fil conducteur est l’adolescence. C’est donc une suite logique existentielle dans l’évolution de la vie, du temps et des générations. Mais c’est aussi une importante remise en question sur la forme, car je photographie en numérique couleur avec des feu artifices. Je ne maitrise plus à 100% la production de mes tirages. En parallèle je suis sur un autre projet exclusivement noir et blanc et argentique toujours proche de la nature. J’ai des difficultés à rester trop longtemps éloigné de la chambre noire …

 

 

 

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Réponses Photo Hors-Série -  n°11 Novembre 2010

Extraits de l’interview de Dan Aucante par Jean-Christophe Béchet, rédacteur en chef

J-C. B - Pourquoi  nommes-tu ta série « le Temps des Grenadines » ?

Enfants, la grenadine était pour nous le rafraîchissement du dimanche et des sorties familiales.

Aujourd’hui malgré la diversité excessive des boissons, mes fils sirotent toujours des grenadines à l’eau. C’est un sirop intemporel, symbolique de l’enfance.

J-C. B - Un cycle à la fois intemporel et fortement  lié à une période  de la vie, l’enfance…

Les 3 chapitres volontairement intemporels grâce au contexte extérieur naturel et à l’utilisation du noir et blanc subissent des variations d’époques à travers certains détails. De ce fait, ils décrivent des valeurs inaltérables à l’égard du temps et des générations - jeux, saveurs, sensations, comportements, croyances, émotions. L’intégralité de cet ensemble est actuellement constituée d’une soixantaine de photographies. La série est en progression depuis six années, j’espère la conclure par l’édition d’un livre quand les verres de grenadines seront à jamais vides.

J-C. B - Le choix de travailler en n & b s’est-il imposé d’emblée ?

Quelles que soient mes séries, mon travail personnel a toujours été en noir et blanc. C’est ma vision du monde et une passion photographique. Ma bibliothèque est constituée majoritairement de livres photo noir et blanc. J’ai cinquante ans, enfant j’ai grandi avec la télévision en noir et blanc, c’est une influence culturelle et sociologique de mon approche photographique. C’est aussi un moyen pour moi de produire mes images de A à Z  d’être l’unique interprète de la lumière, du contraste et de la tonalité de mes tirages.

J-C. B - Tu es aussi un adepte du vignetage : est-il accentué au tirage ?

Oui et je tiens beaucoup à l’interprétation unique d’une image. Pour une photo limitée à quinze exemplaires, j’essaye de nuancer différemment les masquages de chaque tirage. C’est toute la différence avec les séries limitées produites par des machines. S’il est nécessaire d’aller au delà du format 50x60,  je n’ai pas la logistique, je ferai donc appel à un tireur professionnel.

J-C. B  - Tes images me semblent à la fois très cadrées mais laissent aussi une part aux hasards et à la surprise du moment. Concilies-tu ces deux approches ?

Certaines de mes photographies sont dans l’instinct et le hasard, dans ce cas j’utilise l’Holga appareil bas de gamme aux résultats aléatoires et oniriques que j’ai appris à dompter avec les années. J’aime cette prise de risque, l’incertitude du résultat et le frémissement de la découverte. Bien sûr il y a des déceptions, mais nous avons besoin du hasard et de l’imperfection pour dynamiser nos vies.

L’érosion par le temps et la lumière est aussi une bonne définition de la présence de ces accidents dans mon travail. D’autres séances sont préparées avec une idée précise, un choix de situation, de lieu et de mise en scène, dans ce cas j’ai besoin d’appareils performants et multifonctions. L’Hasselbald et le Pentax 67 sont mes partenaires.

J-C. B - On peut trouver une sensation de nostalgie dans ton approche. La revendiques-tu ?

Je ne suis pas nostalgique, je peux regretter tout au plus les beaux soirs d’été de ma jeunesse grenadine, c’était les années soixante-dix pleines d’espoir. Actuellement l’avenir de nos enfants est moins simple à envisager. Si « Le temps de grenadines » inspire une humeur nostalgique, pourquoi pas, mais c’est surtout la description d’un ensemble de valeurs qu’il faut absolument sauvegarder au travers du temps qui passe.

J-C. B - Quels sont les photographes qui  t’ont marqué ? De qui te sens-tu proche ?

Ma première passion, est Henri  Cartier-Bresson, surtout l’avant Magnum jusqu’en 1936. Dans le domaine du portrait, j’ai une grande admiration pour Auguste Sander, Richard Avedon, Diane Arbus et Martin Champi. Certains livres m’ont marqué, plus que l’œuvre entière d’un photographe, le «New York 54-55» de William Klein  ou le «Mala Noche» d’Antoine D’Agata.  J’ai découvert également le merveilleux livre «Sound of running summer» de Raymond Meeks. Parmi les auteurs contemporains, je citerais également : Keith Carter, Magaret M Delange, Juan Manuel Castro Prieto, Debbie Flemming Caffery,  Mickael Ackerman,  Klavdij Sluban et Francesca Woodman.

J-C. B - Comment fonctionnes-tu pour vendre tes tirages ? Tes tirages sont-ils numérotés ?

Mes photographies sont limitées à 15 exemplaires maximum toutes tirées par moi-même, signées et numérotées. Elles sont virées au sélénium pour une plus longue conservation.

 

 

 

 

 

 

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